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Photo du rédacteurcassandra simard

La désensibilisation



Au cours de sa vie, ou par instinct, le cheval associe certains éléments ( objets, autres êtres vivants, etc. ) à un danger, soit par méfiance, suite à un inconfort ou à une blessure.


Lorsque le cheval comprend que la fuite lui permet d'échapper à un danger, celle-ci devra son reflexe pour s'éloigner du danger. Il faut comprendre que même si nous savons que la source du danger qu'il a détecté n'est pas dangereuse, il l'est réellement pour lui. Ainsi, notre cheval peut avoir raison d'avoir peur d'un banc de neige, d'une buche de bois, d'un véhicule ou autres. En fait, la raison pour laquelle nous ne considérons pas ces éléments comme dangereux, c'est tout simplement parce que nous y sommes habitués. Nous savons qu'un banc de neige n'est pas dangereux, car nous savons que ce n'est pas vivant et que ça ne risque pas de nous sauter au visage... Le cheval, lui, n'a pas la même conception de son entourage. Étant une proie, son instinct le pousse à se méfier de tout élément nouveau. Bien que le cheval puisse avoir marché dans un banc de neige dans son enclos 10 minutes auparavant, si le banc de neige qui lui fait peur à la forme d'un prédateur, il ne s'agit pas pour lui du même banc de neige dans lequel il marchait 10 minutes plus tôt (donc nouvel élément), expliquant pourquoi il se méfie de celui-ci alors qu'il joue dans l'autre. Comme la conception du cheval sur ce qui l'entoure est très différentes de la nôtre et que nous sommes son protecteur (comme j'aime bien le sire - protecteur de sa sécurité et de son bien-être), c'est de notre responsabilité de permettre au cheval de s'habituer aux éléments qui l'entourent. Nous y arriverons d'ailleurs en utilisant les principes de désensibilisation.

Je ne suis pas de ceux qui utilisent l'immersion comme moyen d'habitué un cheval à un élément, mais notre cheval peut parfois y faire face, par exemple lorsqu'il arrive à un nouvel endroit / dans une nouvelle écurie. Alors que certains provoque la confrontation du cheval face à un élément stressant (par exemple attacher un sac de poubelle sur les étriers sans avoir préalablement présenté l'objet au cheval), je préfère y aller de façon graduelle.


La désensibilisation graduelle

Par ‘’désensibilisation graduelle’’ je veux simplement insinuer que pour habituer mon cheval à un élément qu'il trouve ou qu'il pourrait trouver inquiétant, je procède par étape. Au cours des séances, mon point de repère est l'émotion de mon cheval; son niveau de calme vs de stress. Si mon cheval est calme, je peux continuer. S'il est stressé, je ne dois pas continuer. Pour faire simple, tant que mon cheval est calme, je peux franchir les différentes étapes (qui suivront), mais aussitôt qu'il présente des signes de stress, je dois faire pause. Je ne vais pas plus loin, mais je ne recule pas non plus - ce qui motiverait alors l'adoption des émotions de stress et de peur, pouvant rapidement dégrader jusqu'à la fuite. Je dois donc constamment rester alerte aux signaux et à l'énergie que dégage mon cheval.

Les étapes:

  • Faire du bruit avec l'objet (s'il en fait)

  • Éloigner le cheval ou l'objet

  • Faire bouger l'objet (s'il s'agit d'un objet en mouvement)

  • Éloigner le cheval ou l'objet

  • Approcher le cheval de l'objet ou l'inverse pour le faire sentir sans bruit ni mouvement

  • Éloigner le cheval ou l'objet

  • Toucher le cheval avec l'objet ou faire toucher l'objet par le cheval (mettre un pied dessus par exemple)

  • Éloigner le cheval ou l'objet

  • Faire du bruit ou faire bouger l'objet à proximité du cheval (si applicable)

  • Éloigner le cheval ou l'objet

  • Toucher le cheval avec l'objet faisant du bruit ou du mouvement (si applicable)

  • Éloigner le cheval

  • Refaire le tout de façon plus naturelle et moins délicate pour préparer le cheval à toute éventualité.

Pour bien vous illustrer les étapes, voici leurs applications pour certains cas précis, fréquemment source de difficulté au niveau de la gestion des émotions du cheval



La douche

Que ce soit le bruit ou la sensation, les chevaux ont souvent une crainte par rapport à la douche. Si le cheval craint le bruit, nous le saurons dès l'ouverture du jet. Commencer avec un jet plus doux peut beaucoup aider. Si c'est le contact du jet qu'il n'aime pas, nous auront une étape supplémentaire à faire, mais nous le saurons seulement lorsque le jet touchera le cheval. Parfois le cheval peut associer le bruit à une sensation désagréable imminente, donc peut avoir des deux (bruit et contact).

La première étape consiste à ouvrir le jet alors que le cheval en est éloigné. Un cheval avec de mauvaises expérience risque de demander à avoir plus d'espace, ne soyez pas gêné de demander de l'aide pour tenir le cheval ou gérer le jet. Si le cheval est détendu, nous refermons le jet et éloignons le cheval. S'il est stressé, nous gardons le jet ouvert, jusqu'à ce que le cheval se détende. Si le cheval tente de fuir, c'est qu'il était trop proche du jet, donc il faudra recommencer en étant encore plus éloigné. Au fur et à mesure que le niveau de confiance du cheval augmentera, nous pourrons rapprocher graduellement le jet jusqu'à pouvoir le toucher avec. Il faudra d'abord commencer par arroser le sol, toucher le sabot avec le jet et monter par la suite sur la patte (toujours par étape, donc sabot - arrêt - sabot + boulet - arrêt - ...) Si le cheval bouge à ce moment, nous devons garder le jet ouvert et garder le contact qu'il y avait sur le cheval (si le jet était sur le boulet, il doit y rester) jusqu'à ce que le cheval s'immobilise. À ce moment, nous devons fermer le jet et éloigner le cheval pour le récompenser de s'être immobilisé. Il comprendra éventuellement, à force de répéter cette étape, qu'être immobile est la solution pour que l'inconfort soit retiré. Ainsi, nous lui enseignons à rester calme et à s'habituer à la douche, plutôt que de lui apprendre à fuir. De plus, il comprendra que le jet n'était pas réellement un danger, prenant alors confiance en vous!

Je commence en ouvrant le jet alors qu'il est éloigné et je le rapproche de plus en plus en fermant le jet entre chaque étape. Si mon cheval bouge, je garde le jet à la même distance (je bouge avec mon cheval) et je referme le jet une fois qu'il est immobile. Ainsi, je lui enseigne que bouger n'est pas la solution si le contact de l'eau ne lui plait pas, mais que d'être immobile l'est! Sur ses photos de ma vidéo de désensibilisation, la séance n'a durée que quelques minutes pour une belle progression.


La bâche

La bâche au sol est un excellent moyen de désensibiliser notre cheval aux différentes textures, couleur et bruitage de sol. Pour aborder la bâche, nous devons d'abord repérer à quel distance l'élément devient inquiétant pour le cheval. Comme la douche, demander l'aide d'un ami qui s'occupera de bouger ou de faire bruiter la bâche au loin vous sera utile. Lorsque le cheval aura compris que l'objet fait du bruit et peut bouger (ou qu'il n'y réagit pas, donc reste détendu), vous pourrez commencer à vous approcher. Aussitôt que le cheval montre des signes de stress, il faut s'arrêter, le laisse se détendre et le reculer pour l'éloigner. À chaque étape de distance franchie, nous devons rappeler au cheval que l'objet fait du bruit et peut bouger. Ainsi, nous répéterons cette étape encore et encore jusqu'à ce que nous soyons tout juste devant l'objet. À ce moment, ce sera au meneur de faire bruiter l'objet avec son pied pour le signaler au cheval. Lorsque ce dernier est calme, nous devons reculer le cheval. Une fois que le cheval ne présente plus de signe de stress lorsque nous touchons la bâche pour la faire bruiter, nous pouvons lui demander de mettre son pied dessus. Si tout va bien, nous reculons le cheval, puis lui redemandons la même chose, pas à pas, jusqu'à ce que le cheval soit capable de passer par-dessus la bâche en toute confiance.


Le rasoir

Ce qui est le plus difficile avec le rasoir, c'est souvent sa vibration. Il s'agit d'une sensation que le cheval n'est pas du tout habitué de ressentir. Il faut donc l'y habituer si nous souhaitons par exemple le raser pour une présentation ou pour empêcher l'humidité de se développer sous le poil d'hiver pour éviter les dermatites (dans le cas de chevaux entraînés et/ou suant beaucoup). En plus de devoir désensibiliser le cheval au bruit de vibration, nous devrons le désensibiliser aussi à la sensation. Tout comme les deux premières situations, nous allumerons le rasoir alors que nous serons éloignés du cheval et nous nous rapprocherons par étape (en éteignant le rasoir entre chacune d'elles et en nous éloignant) jusqu'à être tout prêt du cheval. À ce moment, le cheval est habitué au bruit de l'objet. Nous pourrons alors toucher le cheval avec le rasoir éteint et nous le toucherons à tous les endroits susceptibles d'être rasés (museau, têtière, oreilles). Si le cheval reste détendu, nous commencerons alors la désensibilisation à la sensation de vibration. Pour ce faire, nous ouvrirons bien-sûr le rasoir, mais nous n'irons pas directement toucher le cheval avec la lame. Nous irons plutôt toucher le cheval avec l'endo de notre main qui transmettra une partie de la vibration. Il faudra aussi commencer par toucher un endroit moins sensible, tel que l'épaule et s'approcher par étape de la tête. Entre chaque étape, nous devons penser à éloigner l'objet et féliciter notre cheval! Une fois que notre cheval accepte bien la vibration via l'endo de notre main, nous refaisons les mêmes étapes, mais avec le contact direct du dos du rasoir (pour ne pas raser). N'oublions pas le fait que le bruit du rasoir n'est pas le même lorsqu'il rase, donc dans le même principe que pour la vibration, nous devons commencer par raser à un endroit moins sensible en se rapprochant par la suite de la tête.


Élément extérieur fixe

Parfois, notre cheval peut avoir peur d'un élément qui n'était pas là la vieille et même qui y est depuis des lustres, mais qu'il n'avait pas perçu de danger avant aujourd'hui. Dans de tels cas, notre but est de le mettre en confiance. À tout moment le cheval doit faire face à l'élément pour bien pouvoir l'analyser. Permettez à votre cheval de s'en éloigner au début pour qu'il vous indique à quel endroit il est confortable - même si inquiet - sans jamais toutefois qu'il lui tourne le dos (au risque qu'il tente de fuir). Comme pour la bâche, vous devez vous approcher graduellement par étape, en reculant votre cheval pour le féliciter entre chaque pas. Si le cheval souhaite s'approcher par lui-même, nous devons le laisser, à moins que nous jugions qu'il est préférable qu'il analyse un peu plus avant de s'en approcher autant. De cette façon, nous lui apprenons à être curieux, tout en conservant cette curiosité. Si le cheval approche trop vite et que finalement il panique, nous nuisons plutôt aux développements de sa curiosité qui sera un allié de taille pour les futures épreuves de ce genre que nous vivrons avec notre cheval.

La première étape est de le laisser regarde de loin. Je m'approche par la suite graduellement jusqu'à ce que mon cheval soit en mesure de toucher l'objet pour l'analyser au complet. J'invite d'abord mon cheval méfiant à toucher l'objet et je le laisse par la suite analyser à sa guise (je ne le laisse pas mâchouiller l'objet). Quand mon cheval est à l'aise, je change mon angle d'approche et je me mets maintenant de façon à ce que l'objet soit entre nous deux (ce qui peut insécuriser le cheval qui se retrouve alors seul devant l'objet). Je n'oublie jamais de reculer mon cheval entre chaque étape pour le féliciter en revenant dans sa zone de confort. Lorsque mon cheval est significativement détendu près de l'objet par rapport au début, je n'hésite pas à rendre encore plus agréable la séance en ma présence en lui faisant des gratouilles, des friandises (ou ce qu'il aime!).


Explications

Lorsque nous éloignons l'élément épeurant du cheval, il s'agit d'une action très positive pour le cheval que nous pouvons considérer comme une récompense, car elle aura l'effet de motiver la reproduction d'un comportement. De ce fait, si nous éloignons cet élément alors que le cheval bouge, panique, tente de fuir ou autres comportements non-souhaitables, nous lui enseignons tout simplement que c'est en faisant ces actions que l'élément s'éloigne. Il reproduira donc d'avantage ces comportements face aux autres épreuves provoquant un stress ou une peur. Au contraire, si je conserve la même distance, la même sensation, le même bruit temps et aussi longtemps qu'il bouge, il finira par tenter de trouver un autre moyen de s'éloigner de l'élément. À moins que la situation devienne dangereuse, je n'éloignerai donc l'élément que lorsque mon cheval adoptera le comportement que je souhaite lui enseigner à adopter, soit l'immobilité, le calme et la détente. Ainsi, aussitôt qu'il s'arrêtera, j'éloignerai l'élément, récompensant alors son immobilité. À force de répétition, mon cheval fera le lien entre immobilité = retrait de l'élément et optera plutôt pour ce comportement. Au fil du temps, il se détendra face à cet élément, car je lui aurai permis de changer sa perception de l'objet et nous pourrons alors dire qu'il y ait habitué/désensibilisé.



Plus vous prendrez le temps de désensibiliser votre cheval à différents objets auxquels il est susceptible de réagir, plus vous établirez un lien de confiance solide avec lui. Avec cette confiance que vous portera votre cheval, vous serez en mesure de diminuer fortement sa réactivité face à la nouveauté, l'emenant même jusqu'à être en être indifférent. En fait, à travers ce processus, vous aurez tellement développé sa confiance en lui, en vous et envers la nouveauté (qui s'avère ne jamais avoir été un danger réel), qu'il ne se sentira plus en danger face à celle-ci et aura une totale confiance en vous (qui ne l'avez jamais mis en danger réel, évitant blessures et/ou traumatismes). Tout comme lors de son éducation, votre cheval se fiera de plus en plus sur vous pour baser son comportement. Pensez toujours à montrer l'exemple si un évènement épeurant pour le cheval survient soudainement et réconfortez le pour le mettre en confiance!

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