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Photo du rédacteurcassandra simard

L'éducation du cheval

Un apprentissage de soi



Établir une relation seine, positive, mais surtout perçue comme agréable par les deux parties - cavalier et cheval - peut être difficile. Nous aurons tendance à dire que le travail du poulain, ou du jeune cheval, est plus effrayant, plus intimidant, plus difficile que le travail du cheval adulte. Il s'agit en réalité d'une crainte de ''briser'' le cheval; crainte justifiée par le manque d'expérience du meneur. Travailler un jeune cheval ne devrait pas être difficile. Certes ils peuvent être plus intimidants, car ils sont parfois plus fougueux et n'ont été en contact avec l'homme que quelques fois (ou plus selon l'expérience de l'individu), ce qui peut provoquer des réactions plus vives et plus spontanées.

En fait, ce qui est beau de commencer à travailler un cheval dès son plus jeune âge, sans que celui-ci n'est été manipulé par personne d'autres, c'est justement le fait qu'il ne connaisse aucune règle de conduite avec l'homme. Il s'agit, en comparaison, d'un tableau blanc auquel nous pouvons dessiner des lignes solides guidant le reste de notre oeuvre.


Qu'il s'agisse d'un jeune cheval ou d'un cheval adulte, le principe reste le même, vos exigences sont les mêmes, votre objectif est le même.



Les critères de base

Personnellement, afin de justifier ma recherche de certains comportements plus que d'autres, je me base sur les mots suivants; sécurité, respect, calme, détente et, finalement, légèreté. Dans cet ordre bien précis, j'arrive à mettre une priorité sur la sécurité. De ce fait, si mon cheval est calme, mais non sécuritaire dans son comportement, je ne le récompenserai pas. Par contre, si mon cheval n'est pas léger comme je l'aurais souhaitée, mais qu'il est calme, respectueux et sécuritaire, je le féliciterai tout de même et continuerai d'accroître la légèreté au fil du temps. C'est plutôt sensé. Si vous éprouvez des difficultés dans l'établissement de vos règles de base, questionnez-vous sur les questions suivantes:

-Est-ce que je suis en sécurité si mon cheval adopte ce comportement?

-Est-ce que je me sens à l'aise lorsque mon cheval adopte ce comportement?

-Est-ce que mon cheval respecte mon espace personnelle (est-ce que je me fais parfois marcher sur les pieds ou busculé)?

-Est-ce qu'un enfant serait en danger si mon cheval adopte ce comportement?

- ...


si vous savez ce que vous recherchez, mais que vous avez des difficultés quant à la disparition des comportements non souhaités, il y a de fortes chances que le problème réside dans la communication que vous avez avec votre cheval.

-Manque de constance ou de clarté

-Manque de tact

-Mauvaise utilisation de la récompense et de la punition


Alors que le tact est en réalité la justesse de vos actions dans le meilleur délai possible suivant une action, votre constante consiste, de son côté, en toujours avoir les mêmes règles. Si vous avez, par exemple, une telle grosseur de bulle, vous devez toujours avoir la même, au risque d'avoir un cheval qui ''test'' les limites. En fait, il ne les test pas, il les recherche. Il se demande où il peut se tenir, ce qu'il peut ou ne peut pas faire... Dans certains cas, il peut même franchir vos limites en pensant que c'est qu'il doit faire. La cause? un manque de clarté et/ou une mauvaise utilisation de la récompense et de la punition.


Récompenser, un allié de taille, mais aussi un ennemi selon l'utilisation

Il est important de comprendre qu'une récompense motivera tous les comportements présents. Si je donne une friandise pour motiver le cheval qui est immobile (pouvant passer pour un cheval calme), mais qui est en réalité en train d'analyser s'il doit se détendre ou partir en courant, mon cheval ne fera pas un lien suffisant entre le calme et la récompense. La récompense ne sera alors pas claire, risquant de provoquer l'apparition de comportements non souhaités initialement; la fuite ou l'évolution de la nervosité.


Ce qu'il faut comprendre, c'est que le renforcement positif est un excellent allié dans l'éducation du jeune cheval lorsqu'il est utilisé au bon moment et de la bonne façon, car il motive la reproduction du comportement félicité. Cependant, si le tact n'est pas présent et si la compréhension du cheval n'en n'est pas juste, il peut s'avérer être un ennemi; le manque de tact et le manque de discernement du meneur peut aussi causer la récompense, donc la motivation, d'un mauvais comportement. C'est pourquoi il est conseillé, si vous n'avez pas beaucoup d'expérience avec les jeunes chevaux, de faire appel à une personne d'expérience. Dans tous les cas, si vous constatez une dégradation du comportement de votre cheval, il vous faut aller chercher de l'aider avant qu'un accident arrive (bousculade, fuite, etc). Dans certains cas, l'utilisation unique du renforcement positif ne pourra pas être appliquée; la punition doit être envisagée sur le coup, si la sécurité est mise en péril.


Punir, la fine limite entre la punition et la violence

Nous voyons de plus en plus de gens bannir la punition de leurs outils d'enseignement. J'opte moi-même pour l'ignorance d'un mauvais comportement, plutôt que d'utiliser la punition aussitôt que mon cheval adopte un comportement non souhaitable. Quoique cette ignorance peut justement être discutable quant à son impact sur le cheval et son lien avec la punition; ignorer peut aussi être perçu comme une punition, seulement l'acte n'est pas aussi violent qu'une claque. Tant qu'à moi, si mon cheval est fâché face à mon ignorance, c'est que mon ignorance est négative pour lui. C'est en réalisant qu'il n'obtiendra pas ce qu'il souhaite, qu'il diminuera le comportement que j'ignore. Nous passons tout de même par un état psychologique négatif (frustration, stress), même si je récompense un bon comportement (retour au calme) par la suite.


Quant à l'utilisation de la force, il ne faut pas oublier que nous sommes devant un être vivant de plus de 1000lbs, possédant sa propre conscience et ses propres moyens pour communiquer ses inconforts (ruade, morsure, pêche, charge, etc.) qu'il ne se gênera pas d'utiliser (selon le caractère de l'individu), même face au plus petit inconfort. Cela ne justifie en aucun cas de blesser pour démotiver un comportement. J'ai seulement la présence d'esprit de ne pas vous vendre un rêve de renforcement positif seulement. Si mon cheval me charge, me rue ou me mord, une punition suivra dans le but de le surprendre et de démotiver se comportement. Et bien que ce genre de comportements soit souvent causé par le meneur lui-même, il est tout de même présent et doit être modifié rapidement. Je ne veux pas étirer dans le temps un comportement qui pourrait causer des blessures graves à la fois pour moi, mais aussi pour le cheval ou une personne tierce.

La punition a pour but d'avoir un effet immédiatement. Si je dois répéter la punition plusieurs fois à la même force ou plus fort encore, c'est qu'elle n'est pas bien appliquée et donc pas adaptée… pas justifiée.


Je justifie la punition que pour ce genre de comportements: ruade, morsure (non pas babinage), charge, pêche, boxe, etc. Il faudra chercher la cause et/ou faire une désensibilisation pour régler la cause de ces comportements, mais ceux-ci ne peuvent pas être ignorés, surtout s'ils ont tendance à la hausse. Quand il s'agit de la sécurité du meneur (et même du cheval), nous ne pouvons pas accepter que le comportement se reproduise dans le temps! Il doit s'arrêter tout de suite! nous ne pouvons pas attendre qu'une blessure se produise.


Malheureusement, les comportements négatifs, qui pourraient justifiés la punition, sont parfois contourné par de nombreux meneurs, parfois même sans qu'ils s'en rendent compte. Ceux-ci auront alors tendance à éviter de sortir de la zone de confort du cheval, l'empêchant de s'améliorer, mais aussi de mieux comprendre les règles de base qui lui permettraient, en réalité, d'être mieux psychologiquement.

Évitez la zone de confort du cheval.

''Mon cheval n'aime pas que je lui prenne la patte de telle façon, car il tente de me ruer. Je prends donc sa patte de cette façon, c'est la seule qui fonctionne.''


''Nous avons toujours manipulé le cheval de cette façon, car il est difficile à gérer d'une autre façon''


''Je ne veux pas le brusquer''


''Il n'est pas dangereux'' - le cheval bousculant le meneur, le tirant pour atteindre l'herbe, ne lui portant aucune attention.


Ne s'agit-il pas plutôt d'une peur de devoir confronter le problème? Une fuite face à la difficulté ou face au caprice du cheval. Une façon de contourner le problème et de le cacher. Un mensonge que se fait le meneur pour avoir l'impression que son cheval est parfait. Cela peut fonctionner quelques temps, jusqu'au jour où il aura compris qu'il peut vous intimider et obtenir tout ce qu'il veut (et ça peut déraper vite, très vite!). On s'entend, le cheval ne se dit pas qu'il peut vous manipuler, mais s'il comprend qu'en adoptant tel comportement il réussit à se libérer de vous et à retourner voir ses amis ou à aller manger de l'herbe, il le fera! Dans certains cas, cette tactique peut fonctionner longtemps si la zone de confort du cheval est respectée en tout temps, mais le jour où votre cheval blessera quelqu'un d'autre qui ne connaissait pas cette zone de confort, vous ne pourrez pas lui répondre: ''Ha... Mais il n'aime pas être manipulé comme les autres chevaux. Il faut le manipuler de telle façon plutôt. C'est votre faute s'il vous a bousculé et blessé'' Oui, c'est au cavalier de s'adapter au cheval, mais c'est au meneur d'élever son cheval de la bonne façon. Le meneur doit s'adapter face à une incompréhension, à un état d'esprit, mais pas face à des caprices qui peuvent rapidement mettre la sécurité de tous en jeux. Je le rappelle, la sécurité est mon premier critère dans l'éducation du cheval, je la prends très au sérieux!


Si vous avez tendance à adopter cette tactique, les conseils d'un entraîneur pourrait vous être utiles! Une fois outillé pour confronter ces caprices, vous aurez une bien meilleure relation mutuelle avec votre cheval. Eh oui! Votre cheval aimera travailler et rester avec vous si vous lui prouvez que vous êtes le protecteur de sa sécurité et que vous savez ce que vous faites! Rester dans la zone de confort démontre un manque de confiance et un manque de prises des responsabilités, resteriez-vous avec ce genre de partenaire qui ne vous inspire pas confiance? Un cheval plus confiant aura tendance à gérer l'espace, alors qu'un cheval anxieux voudra plutôt aller retrouver ceux qui lui procure un sentiment de sécurité, soit son troupeau. En prenant le rôle de leader (protecteur de la sécurité et responsable de vous et de votre cheval), vous vous sentirez davantage en sécurité, mais surtout, vous aurez confiance en votre cheval peu importe la situation.


Une notion bien importante

Lorsque nous regardons les chevaux entre eux, nous pouvons remarquer qu’ils agissent selon des règles hiérarchiques. Le plus dominant aura priorité aux ressources et utilisera les signaux d’avertissement pour conserver sa priorité. Il fera des oreilles et si le cheval n’écoute pas son avertissement, il ira jusqu’à ruer et mordre. Si un moins dominant ne respecte pas le plus dominant, soit en le bousculant ou en entrant dans sa bulle, celui-ci lui fera savoir en faisant des oreilles et en adoptant une posture plus agressive. Bien que ce soit vulgarisé et très grossier, le but est en réalité de démontrer que les chevaux eux même suivent des règles hiérarchiques qui permettent la sécurité et le bien-être (et autres) du troupeau. Entre autres, la matriarche sera généralement suivie par les autres membres du troupeau lors des déplacements sans nécessairement être dominante, un rôle qui revient généralement à l’étalon. Dans le troupeau, l’étalon aura comme tâche d’assurer la protection du troupeau contre les prédateurs.


À mon sens, lorsque nous parlons de la relation entre homme et cheval, il est de la responsabilité du l'homme de s’assurer de la sécurité et du bien-être du cheval. En fait, le cheval développera un lien plus étroit avec la personne qui s’occupe bien de lui, c’est-à-dire qui le nourrit convenablement, qui lui prodigue des soins agréables, qui le considère et le respect dans sa nature et ses besoins. Un cheval ne sera pas tenté de rester en compagnie d’un meneur qui le rend anxieux et qui provoque chez lui un sentiment de mal être. De ce fait, il est primordial que le meneur agisse de façon à susciter le bien-être et la sécurité du cheval. Il doit être clair dans ses demandes, justes dans ses actions et respectueux dans sa gestion générale du cheval. Une fois que le meneur a compris comment lui-même doit se comporter envers son cheval, il peut penser à apprendre à ce dernier comment se comporter en envers l’homme.


Les règles sont mutuelles (homme-cheval)

Vous sortir une liste de règles de base à apprendre à votre jeune cheval ne me paraît pas judicieux, car je vous ai déjà informé sur ce à quoi je m'attends de mon cheval : sécuritaire, respect, calme, détente, légèreté. Pour être plus précise, je m'attends en fait que tous les comportements qu'adopte mon cheval, même si ceux-ci sont nouveaux suivant une nouvelle demande, soient basés sur ses cinq mots.


Malheureusement, nous ne pouvons pas communiquer avec des mots ce que nous attendons de lui à notre cheval, et les chevaux n'ont pas toujours comme premier réflexe d'être calmes et légers. Comme avec un enfant, le meilleur moyen de parfaire leur éducation est notre exemple. Si nous souhaitons que notre cheval soit respectueux, nous devons lui porter un respect. Si nous souhaitons que notre cheval soit calme, nous devons être calme. Si nous souhaitons qu'il soit léger, nous devons être léger. Finalement, lorsque nous manipulons notre cheval, nous devons dégager ce que nous souhaitons qu'il dégage.


Le principe n'est pas sorcier, mais le faire n'est pas si facile si nous avons quelque difficulté à gérer nos propres émotions. Si c'est votre cas, un entraîneur pourra vous aider sur la gestion de vos émotions en présence de votre cheval. Si ce n'est pas un problème, mais que vous avez plutôt tendance à être lourd, raide ou tendu dans vos actions, vous devrez prendre le temps de bien respirer pour contrôler la force de votre corps lorsque vous agissez. Nous devons apprendre à être léger dans notre corps afin de développer la souplesse nécessaire pour agir dans la légèreté tout en conservant la rapidité nécessaire à conserver notre tact. Nous ne voulons pas devenir tortue et manqué de justesse dans notre temps d'intervention advenant un changement rapide d'état d'esprit de la part du cheval.


Le tact est d'ailleurs notre meilleur allié pour l'éducation de notre cheval. Maîtriser, il permet au meneur d'agir rapidement et de la bonne façon face à ce qui se trouve devant lui. Ainsi, certaines corrections seront sur l'ordre du reflexe pour le meneur plutôt que de la réflexion. C'est pourquoi certaines personnes se rendent compte seulement après l'action qu'ils ont été trop exigeant, trop raide, trop... Si déjà nous avons la capacité de réaliser nos défauts dans nos actions, nous aurons un bon pas de fait pour améliorer nos faiblesses afin de ne pas refaire la même erreur. Il est normal de ne pas être parfait, il faut seulement offrir la même chance de ne pas être parfait à notre cheval.


Une fois que nous nous maîtrisons nous-même, nous pouvons penser à apprendre à notre cheval à se maîtriser. Depuis le début de l'article, vous avez (possiblement) évolué sur le plan psychologique, réalisant la possibilité que vous ayez déjà rencontré des difficultés dans la gestion de votre cheval à cause d'une peur de faire face à ses difficultés ou même simplement à les reconnaître. Mais comme dit, il est normal de ne pas être parfait, il faut seulement avoir la capacité de le reconnaître afin d'aller chercher les outils nécessaires pour améliorer vos faiblesses et celles de votre cheval. Vous avez aussi évolué indirectement sur le plan physique, réalisant que la lourdeur de votre cheval, son anxiété ou son manque de respect vient possiblement de vos propres actions. Ainsi, la prochaine fois que vous irez manipuler votre cheval, vous devrez prendre quelques minutes pour prendre conscience de votre propre physique et de libérer les tensions musculaires dans votre corps afin d'être léger et détendu dans vos demandes. Vous offrirez ainsi à votre cheval un exemple à suivre qu'il suivra volontairement étant donné que vous lui offrez la possibilité d'adopter un état d'esprit calme, rassurant et donc sécurisant.


Finalement,

vous comprendrez que l'éducation du cheval n'est pas basée sur un liste exhaustive de comportements bien précis. En fait, les seuls critères requis pour affirmer que votre cheval ait une bonne éducation, c'est premièrement d'éduquer sur une base commune, de sorte que votre cheval puisse être manipulé par tout le monde et non pas seulement par vous (sécuritaire). Qu'il respecte l'espace personnel de son meneur, ce qui pout toutefois varier d'une personne à l'autre ; le cheval sera en mesure de faire la différence d'un individu à l'autre (respect). Qu'il adopte rapidement un état d'esprit calme, peu importe l'élément de stress (calme) - état d'esprit dégagé par vous. Qu'il soit détendu dans ses actions (détente) - état d'esprit dégagé par vous. Et finalement qu'il réponde sans hésiter et sans grande lourdeur aux demandes du cavalier (légèreté). Ces critères pourront être développer à travers une petite série très simple d'exercices qui vous seront présentés dans la vidéo ''l'éducation du cheval''.


Rappelez-vous... le plus dur du travail n'est pas d'éduquer son cheval, mais de s'éduquer soi-même.
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