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Photo du rédacteurcassandra simard

La technique miracle n'existe pas

Dernière mise à jour : 8 sept. 2021

Si vous avez parcouru de nombreuses pages ou communautés équestres, vous aurez probablement croisé de nombreuses techniques, de nombreux courants de pensée, … Vous avez sans doute adhéré plus à certaines philosophies qu'à d'autres. Si vous avez fait des recherches sur ses pages ou sur ses groupes, c'est probablement parce que vous recherchiez du contenu pour améliorer vos techniques ou pour mieux vous occuper de votre cheval. Je m'avancerais en disant que la majorité des informations trouvées sur Internet partent d'une bonne intention. Pourquoi voyons-nous si souvent des commentaires comme quoi des informations ne sont pas ''bonnes''? Oublions pendant quelques instant les barrières installées à l'égard de certaines techniques et portons sur ces dernières un regard neutre. En laissant derrière nous nos convictions, nous sommes plus aptes à juger correctement les techniques. À ce moment, au lieu d'écrire que la technique n'est pas bonne, nous devrions plutôt écrire qu'elle ne convient pas et expliquer pourquoi. Mais voilà, plusieurs personnes ne savent pas le pourquoi. Leurs convictions les poussent à adopter une technique, ce qui est tout à fait normal, mais elle ne les pousse pas nécessairement à recherche le pourquoi - ou du moins, qu'en abord. Le contenu que j'ai croisé ici et là a toujours un fond bienveillant et c'est ça qu'il faut retenir. Par la suite, il est vrai que certaines techniques ont de bons et un moins bons côtés. Mais comment déterminer ce qui est bon et ce qui ne l'est pas? Je crois que pour y répondre, il est important de baser ce raisonnement sur le bien-être de l'animal.



Le bien-être du cheval, c'est quoi?

C'est tellement vague que le simple fait de débuter ce paragraphe m'a été difficile... En général, les passionnés de chevaux qui recherchent des conseils ont à cœur le bien-être animal. Malheureusement, il s'agit d'un terme très vague qui se doit d'être décortiqué pour le comprendre et pour l'utiliser dans la défense des courants de pensée.


Le bien-être animal s'établi sur différentes questions: l'animal vit-il une vie normale? L'animal est-il heureux et en forme? Que ressent l'animal? (source: NFACC)

Ici, les questions réfèrent principalement à la nature du cheval.


Vit-il une vie normale? Le cheval est un animal grégaire et de nature sauvage. En liberté, le cheval vit à l'extérieur et en troupeau, possédant une hiérarchie bien établie. Domestiqués depuis très longtemps, son mode de vie a changé, mais il n'en reste pas moins un cheval. Si vous me posez la question, un cheval ne vit pas une vie normale s'il est constamment en boxe… Mais vit-il une vie normale selon l'utilisation qu'en fait l'homme?


L'animal est-il heureux et en forme? Cette question pourra peut-être éclairer un peu plus notre raisonnement face aux bonnes et mauvaises techniques. Quel est le bonheur pour un cheval? C'est plutôt simple, avoir un contact physique avec ses compères, avoir accès à de la nourriture, de l'eau et un abri (les arbres sont un abri naturel), ainsi qu'être en sécurité et confortable! Un cheval en forme est un cheval ne subissant aucune souffrance et n'étant pas atteint de maladie. Peut-on par la suite dire qu'un cheval souffrant d'arthrite est un cheval a qui nous avons enlevé le bien-être? Non! Il peut être soulagé à l'aide de traitements et de médicaments. Il viendra tout de même un jour où le propriétaire devra évaluer la qualité de vie de ce dernier et prendre une décision par rapport au bien-être (souffrance VS bonheur). Il est important de noter ici que l'entrainement du cheval, s'il n'est pas initié correctement, risque de causer des blessures et nuire au bien-être de l'animal, qu'il soit intensif ou non.


Que ressent l'animal? Comme tout être vivant, le cheval à besoin de se sentir en sécurité. Un état psychologique de détresse est donc considéré comme mauvais au bien-être animal. Mais à quel moment le cheval est dans un état psychologique serein et à quel moment est-il en détresse? À la base, un cheval en détresse le sera si sa vie ou sa santé physique est en jeu. Avec la domestication faite par l'homme, nous pouvons ajouter qu'il sera en détresse si son état psychologique est aussi mis en jeu. Pour déterminer si le cheval est dans un bon ou un mauvais état psychologique, nous devons repérer les signaux qu'il envoie; la détente, l'état d'alerte, l'angoisse et la panique.

  • La détente. Un cheval détendu est un cheval calme et se sentant en sécurité. Il n'a aucune tension néfaste dans son corps et son attention est bien dirigé. Il est dans un état psychologique parfait pour apprendre de nouvelles notions ou pour améliorer ses acquis.

  • État d'alerte. En état d'alerte, le cheval considère qu'il est possible que sa vie et/ou sa santé physique soient en danger, mais il prend le temps d'analyser. En d'autres mots, il s'assure de déterminer si la dépense d'énergie reliée à une fuite éventuelle vaut la peine face au danger perçu. S'il fuit pour une feuille au vent, il dépensera beaucoup d'énergie pour rien et risque de manquer d'énergie si un prédateur l'attaque tout de suite après. L'état d'alerte lui permet donc d'économiser ses énergies pour les dangers réels.

  • L'angoisse. Si le cheval est angoissé, son niveau de stress est élevé et peut devenir constant (anxiété), il a dépassé l'état d'alerte et le danger est considéré comme important. Un cheval angoissé peut découler d'une mise en boxes sans sorties fréquentes, d'un entraînement non adapté, d'une douleur importante et permanente, d'une mauvaise relation avec l'humain, … À ce niveau, c'est son état psychologique qui sera affecté, et ce dernier aura un impact néfaste sur la santé physique du cheval (ulcères, tensions musculaires, mutilation, …)

  • La panique. Paniqué, le cheval croit que sa vie ou sa santé physique est en jeu, il tentera d'échapper à la menace ou de se défendre en attaquant. Il ne se sent donc pas en sécurité, ce qui affecte son bien-être. Le danger peut provenir de différentes sources: un prédateur, un mouvement brusque et soudain, un objet ou un évènement menaçant, une douleur soudaine, la violence, ...

Vous comprendrez donc que l'angoisse et la panique sont deux éléments qui ne respectent pas les critères de bien-être de l'animal.


En considérant que l'état d'alerte n'affecte pas le bien-être psychologique, nous pouvons y installer notre ligne rouge à ne pas atteindre et à ne surtout pas franchir. Aussitôt que notre cheval envoie des signaux d'alerte - ou du stress léger - il faut arrêter.


Signaux d'alerte:

  • Tête et encolure haute

  • Oreille pointant la source du danger perçu

  • Apparition d'un accent circonflexe au-dessus de l'oeil

  • Blanc d'oeil visible

  • Naseaux et mâchoires crispés

  • Tension dans tout le corps

  • Allures saccadées et rapides

  • Regard fuyant

  • Ronflement

Si notre cheval présente ses signaux, il faut les prendre en considération et repérer le danger qu'il a perçu. Ce danger peut autant provenir d'un autre animal, d'un nouvel élément ou d'une situation nouvelle, qu'il peut provenir de nous. Notre cheval peut aussi percevoir un danger provenant d'un élément qui est là depuis très longtemps ou qu'il est habitué de voir. Attention aussi à ne pas lui attribuer notre propre perception des choses. Heureusement, notre cheval n'a pas encore peur de cet élément; il s'en méfie, il analyse si la fuite est justifiée. Vous devrez intervenir pour qu'il ne panique pas.


Signaux de panique:

  • Fuite

  • Agitation

  • Agressivité/attaque - quand la fuite n'est pas possible


Notre but étant de préserver un bon état psychologique (bonifiant alors les apprentissages), nous devons prioriser de travailler dans la détente et le calme, prodiguant un sentiment de sécurité au cheval.


Signaux de détente

  • Encolure et tête basse

  • Absence de tension dans le corps

  • Allures décontractées et fluides

  • Port de queue relâché

  • Léchage des lèvres

  • Bâillonnements

  • Mâchouillement

  • Attention sur le meneur/cavalier


Bien que nous pourrions encore en discuter longuement et passionnément, je crois que nous avons assez d'éléments pour avoir une bonne compréhension du bien-être du cheval, mais il y a un dernier petit point que je voudrais aborder avant de vous offrir ma conclusion.



Les extrêmes

J'ai toujours eu la conviction que les extrêmes n'étaient pas les meilleures solutions. Non seulement, les arguments sont très facilement démontables, ils sont aussi parfois injustes et peuvent variés selon l'individu. Elles offrent tout de même des points de vue intéressants et importants. Prenons par exemple les pieds nus. Je considère que pieds nus n'inclus pas la possibilité de mettre des fers en plastique flexible ou tout autre système remplaçant le fer. Certains de mes chevaux n'ont pas de fers et le vivent très bien, mais j'ai certains chevaux, que par leur conformation et leur utilisation, en ont de besoin à des fins de prévention. Prenons aussi par exemple les gens qui rejettent toute utilisation de mors ou d'autres aides artificiels, car elles ne sont pas naturelles … Pour ma part, je me dis que cet argument sera réellement valable - donc aura un plus grand impact sur moi - lorsque les chevaux ne seront pas montés non plus, car la monte ne fait pas plus partie de la nature du cheval que les aides artificielles qui peuvent aider à la communication et au confort du cheval. Et attention, j'utilise aussi la bride sans mors! ;) Je veux seulement en venir au fait que toutes techniques ne convient pas à tout cheval. Certains chevaux préfèrent le mors au side-pull, et peuvent même se sentir mal en étant équipé du side-pull, comme l'inverse est possible. Certains chevaux ont des problèmes de conformation qui, s'ils ne sont pas réglés avec les fers - ou autre système- accélèreront la dégradation de la santé physique. Et il y a plusieurs autres exemples à donner ici. Le fait est que c'est votre cheval qui vous dira ce qui lui convient selon sa condition et son mode de vie.



Écoutons le cheval

Vous savez, l'humain aime beaucoup trouver un remède miracle, mais il n'y en a pas! Certaines techniques sont à prescrire (abus, violence, maltraitance), car elles auraient de lourdes conséquences sur le physique et le psychologique du cheval. L'important est que la technique utilisée soit en accord avec le bien-être du cheval. Pour que celle-ci soit considérée comme telle, elle doit répondre à certains critères établis. Elle doit permettre au cheval de conserver une bonne santé physique ainsi qu'un état psychologique serein; elle doit assurer une sécurité physique et mentale au cheval. Concrètement, elle doit fournir un programme d'entraînement visant la minimisation des blessures, ainsi que la conservation d'un état calme et détendu. Pour y arriver, le cavalier ou le meneur doit avoir une bonne connaissance de la biomécanique ou être encadré par quelqu'un pouvant assurer la sécurité physique du cheval. Il doit aussi s'assurer de bien comprendre le langage du cheval, ainsi que les principes d'apprentissage de ce dernier, dans le but de limiter le stress et d'éviter tout état de panique. Au final, si une technique met l'emphase sur l'évitement de tout état de détresse psychologique ou physique, elle me semble bien respecter les critères du bien-être animal et peut donc être prise en considération.


Comme chaque individu possède son propre niveau de tolérance physique et psychologique, ainsi que sa propre vision du confort et de l'inconfort, il est difficile de dire avec certitude que le mors n'est pas bien! Il est difficile de nier le fait que les gâteries sont efficaces, comme il est difficile d'affirmer qu'elles le sont pour tous les chevaux. Tout réside dans l'art de l'application de la technique. Ce n'est pas l'humain qui doit décider des bonnes et des mauvaises techniques. C'est le cheval! C'est lui qui nous indiquera si la technique lui convient, si le mors lui convient, si nos demandes sont respectueuses, si nous sommes justes, si nous allons trop vite, si nous …


Et si nous commencions par écouter ce que le cheval nous communique, plutôt que de continuer à tenter de trouver UNE technique miracle.


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